Après plusieurs années passées à l’étranger, je ne pensais plus pouvoir faire marche arrière et rentrer en France... mais la naissance de nos enfants a soudainement tout bousculé! Travailler à plein temps pour juste payer les factures, vivre étroitement et ne pas avoir de temps pour les élever ne raisonnait pas juste! Existait-il donc une alternative où nous pourrions créer une activité locale, mais aussi utiliser nos acquis professionnels? Où ça? Quels critères? Au Canada, en France? La montagne ou la mer? Pas une ville, plus de soleil, pas trop isolé, avec une bonne école... Par processus d’élimination, nous avons attéri dans la vallée de Massat, un lieu où personne n’a le même parcours, où il est possible d’exister tranquillement sans rentrer dans les cases, loin de la fureur du monde, où la nature est sauvage et apaisante... puis nous avons eu le coup de cœur pour une maison et une grange à rénover dans un hameau isolé avec une magnifique vue sur la montagne. Et nous avons naïvement plongé dans l’aventure...
Sans aucune expérience dans le bâtiment, les travaux de rénovation ont été un défi! Notre troisième fille est née une semaine après notre emménagement, puis nous avons pris le travail où il se trouvait: déplacements à l’autre bout de la France pour John, création d’activités photographiques et ateliers photos localement pour moi.... Ouverture d’un gite, puis rénovation de notre grange pour un deuxième gite ... le nez dans le guidon, nous y avons élevé nos 3 filles ...
Pendant longtemps, notre quotidien était rythmé par les conduites scolaires, le travail, l’entretien des terrains, le bois, les tâches quotidiennes...toujours bien peu de temps libre au final!
20 ans plus tard, on peut dire que ça a été l’endroit juste pour faire grandir nos enfants, loin de ‘la société de consommation’ et tout ce qu‘elle engendre, où dès 2 ans, on apprend la débrouillardise en franchissant librement le seuil la porte d’entrée pour arpenter les chemins et les champs ... où on apprend dans des classes multi-niveaux avec des instits motivés, où dès 14 ans, on négocie les routes à moto ou en stop (le transport local) pour aller voir les copains ... et où à 18 ans, on part à la découverte des autres continents avec le fruit de son travail.
Ici, c’est un environnement riche humainement avec un esprit d’entre-aide et de partage indispensable pour faire face à la nature dominante et subvenir à l’isolement. L’espace, le silence, la nature sauvage, la présence du feu pour se chauffer, des saisons marquées, les baignades dans l’eau fraiche des rivières et des lacs en montagne, les randonnées entre amis, les belles rencontres avec nos visiteurs des gîtes ... sont de véritables petits bonheurs...mais tout n’est pas si rose!
C’est un endroit où il faut être vigilent pour ne pas perdre pied! Un cocon si paradisiaque qu’il est difficile d’en sortir, et où on peut s’y étouffer et s’isoler sans s’en apercevoir! Pour apprécier la vie ici, il faut pouvoir et savoir partir... Depuis peu, je développe donc des projets photographiques à l’étranger, surtout au Maroc... Un nouvel équilibre à gérer et une dualité nécessaire pour laisser place à de nouvelles expériences, découvertes et permettre un sentiment d’ouverture... Puis le retour en Ariège marqué par le calme, la nature sauvage, associée à un sentiment de ‘liberté’ et de contentement re-pose de nouveau !
En tant que photographe, les heures passées devant l’ordinateur pour faire aboutir les projets me coupent souvent de mon environnement extérieur. J’aimerai pouvoir vivre plus en symbiose avec la terre et la nature qui est partout autour de moi et que je regarde trop souvent de loin. Il n’y a pas de demi mesure ici - quand on essaye de faire un peu tout, on fait un peu rien! La maison est presque devenue une extension de mon bureau, et les limites vie privée/professionnelle sont aussi difficiles à marquer! La polyvalence dans les activités ici s’impose mais laisse peu de temps pour être à son écoute.
Les distances isolent, on regroupe les taches pour économiser les trajets, et on en oublie les activités extérieures nourrissantes, l’accès à la culture et même aussi de voir les amis! L’hiver, c’est beau et poétique sous la neige mais mieux vaut éviter de se déplacer!
Mon nouveau défi: RALENTIR sans subir la pression du manque de temps! Maintenant que la maison se vide, que les gites nous donne une certaine autonomie économique, j’espère pouvoir refaire ou affiner mes choix et enfin avoir des temps de pause indispensables à mon bien-être et à ma créativité ...