Originaire d’Angleterre, pendant une vingtaine d’années, je venais dans les Pyrénées pour randonner, faire de l’escalade et skier. Il y a quelque chose de fort dans les Pyrénées qui m’a toujours attiré. C’est moins « brutal » que les Alpes, plus reculé, plus sauvage, et moins abimé. Une fois que j’ai commencé à bien connaître toute la chaine, c’est le Couserans avec ses montagnes isolées (Pic de Certescan, Mont Rouch, Mont Valier) qui m’a attiré.
Au début, je cherchais un petit ‘pied à terre’ à acheter avec des amis pour les vacances, mais après plusieurs années de recherches sans succès, j’ai décidé de prospecter seul pour un endroit à moi. En 2004, j’ai enfin trouvé ce que je cherchais. Dans les quelques jours après l’achat, et après mes premiers moments passés dans mon nouvel endroit, je réalisais que j’allais m’installer là de façon permanente. Je suppose que ces moments ne faisaient que révéler les insatisfactions que je rencontrais dans ma vie en Angleterre, où je dirigeais un important bureau d’architecture. Mes mécontentements n’étaient pas seulement liés à ma vie trépidante et stressée, mais aussi aux problèmes de pollution, médias et mauvais temps lié à ce pays ! Cela a pris deux ans de travail soutenu et de décisions importantes pour parvenir à rendre ce déménagement possible d’un point de vue pratique et financier, mais je n’ai jamais regretté.
Ma vie ici m’a permis de vivre beaucoup plus proche de la nature en comparaison avec les 15 années passées. J’ai appris à développer de nouvelles compétences pour m’occuper de terrains agricoles destinés à me rendre autonome (agriculture, chasse, collectes de champignons, fruits, noix, sève de bouleau). J’ai élevé des poules, des cochons et des moutons, fait mon potager, fait le foin, nettoyé les champs, fait des clôtures, construit des haies normandes, abattu des arbres... et ceci sans oublier ma passion pour la construction. J’ai construit un poulailler, un atelier, un abri à bois, rénové une grange en gîte, et doublé la taille de ma maison. La liste ne cesse jamais de s’agrandir!
Je continue mes autres passions en explorant les montagnes. En été, j’escalade et je randonne. En hivers, j’escalade sur la glace, fais du ski de randonnée et des raquettes. J’ai aussi fait des plans, construit et rénové plusieurs vieilles bâtisses pour moi et mes amis, et ma carrière en architecture continue, mais à un rythme plus tranquille. Je tiens un journal illustré de toutes mes aventures ici sur le blog http://inglis-sharp.blogspot.fr appellé “Pyrenees Adventure”.
Vivre ici correspond à toutes mes attentes, aspirations et espoirs. En 2012, je me suis marié à Susie. Ni elle, ni ses deux enfants (Jasper et Ruby, 16 et 15 ans) n’étaient de l’Ariège, ni même de la France! Ils vivaient en Angleterre. Comme ils ne parlaient pas le français, nous avons décidé de les laisser finir leur scolarité en Angleterre. Cela a nécessité que nous habitions l’Angleterre la plus-part de l’année, et que nous revenions en Ariège durant les vacances scolaires. Je revenais une semaine par mois pour continuer à m’occuper des terrains (sans animaux) et pour finir d’agrandir notre maison pour ma nouvelle famille. Puis une fois la scolarité des enfants finie, nous sommes revenus habiter à plein temps en 2016. Nous avons maintenant de nouveau des poules, des moutons et Susie a créé un incroyable potager ‘naturel’.
La vie ici présente quelques défis. Elle est très physique: couper le bois, cultiver sur des terrains en pente ce qui implique que tout doit être fait à la main. En juillet, les taons! Les pannes de courant sont fréquentes en hivers quand il neige, donc il n’y a plus d’internet, ce qui est indispensable pour rester relié au reste du monde quand on habite dans un endroit si isolé.
Dans le futur, un défi sera de continuer à assurer un revenu suffisant ici, et de faire face aux incertitudes générées par le ‘Brexit’ face à notre statut professionnel, à notre vie en France, ainsi que celle de nos enfants hors de l’union européenne.